Une si longue lettre, Mariama Bâ
Mon avis
J’ai débuté ce mois d’avril par un voyage au Sénégal, à la rencontre d’une femme touchante…
Une si longue lettre est, comme son titre l’indique, une longue correspondance. Ramatoulaye conte à son amie son parcours de deuil. Celui qui lui est imposé mais aussi son cheminement au cœur de son propre deuil, commencé, finalement, cinq ans plus tôt, quand son mari a pris une deuxième épouse.
Mariama Bâ nous entraîne au cœur d’une communauté sénégalaise musulmane, dans une famille polygame, dont les deux femmes doivent pleurer la perte de leur mari (le même pour les deux donc).
C’est l’histoire de cette femme, Ramatoulaye, qui a choisi son mari par amour, qui a eu 12 enfants avec lui, qui a vécu 25 ans dans un bonheur conjugal, avant d’être grandement trompée. Un jour, le mari ne rentre pas. C’est son frère, son ami et son imam qui viennent à sa place, annoncer à Ramatoulaye qu’il vient de prendre une deuxième femme. (surpriiiiise)
Ça parle un peu de religion, surtout de devoirs imposés par la religion. Ça parle de dépendance, d’objectisation et d’achat de la femme et de totale liberté de l’homme. Ça parle de rites et ça parle d’indépendance. Ça parle aussi d’entraide entre femmes, de compréhension mutuelle, d’acceptation de l’autre, de sororité en somme.
Les conditions ne sont pas les mêmes que dans le pays où je vis, ici et maintenant, mais les espoirs, les désirs, sont identiques : sortir du carcans des hommes, vivre pour soi mais aussi être aimée.
J’ai vraiment apprécié cette lecture et l’écriture de Mariama Bâ, même si j’ai tellement à apprendre sur les traditions musulmanes, sénégalaises, que j’étais parfois plus dans l’observation que dans l’empathie. Un premier pas vers une meilleure compréhension, pour moi aussi.
“Je feignais l’indifférence, alors que la colère martelait mes nerfs et mes larmes retenues embuaient mes yeux.”
Une si longue lettre – Mariama Bâ
Editeur : Editions Le Serpent à plumes, collection Motifs, 2005
Prix : 6€
La 4ème de couverture
Une si longue lettre est une œuvre majeure, pour ce qu’elle dit de la condition des femmes. Au cœur de ce roman, la lettre que l’une d’elle, Ramatoulaye, adresse à sa meilleure amie, pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage.
Elle y évoque leurs souvenirs heureux d’étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les Indépendantes. Mais elle rappelle aussi les mariages forcés, l’absence de droits des femmes. Et tandis que sa belle-famille vient prestement reprendre les affaires du défunt, Ramatoulaye évoque alors avec douleur le jour où son mari prit une seconde épouse, plus jeune, ruinant vingt-cinq années de vie commune et d’amour.
La Sénégalaise Mariama Bâ est la première romancière africaine à décrire avec une telle lumière la place faite aux femmes dans sa société.
Editions Le Serpent à plumes