Cendrillon, de Joël Pommerat

Mon avis

Je commence mon défi théâtre aujourd’hui avec Cendrillon de Joël Pommerat.

Avec cette réécriture moderne du conte de Cendrillon, Joël Pommerat explore, pour ses jeunes spectateurs (et les moins jeunes), les relations de famille et la notion de deuil.

Cendrillon transposée dans un monde de téléphones portables, de chirurgie esthétique et soirées royales sur sons reggae, n’en est pas moins une très jeune fille qui perd sa mère et qui doit apprendre à vivre sans elle.

N’ayant pas bien entendu les dernières paroles de sa mère, Sandra (de son vrai nom) s’imagine qu’elle lui a demandé de ne jamais arrêter de penser à elle plus de 5 minutes. Jamais. De sa vie. Résolution à laquelle Sandra s’attache avec ferveur. Et quand elle oublie ? Elle se punit.

Bien sûr Pommerat s’amuse à bouleverser le conte. On est loin de la version Disney où le but ultime est de se marier pour changer de vie. Déjà ici, le prince n’est pas particulièrement charmant, le père ne meurt pas, la belle-mère croit pouvoir se caser elle-même avec le prince, et c’est le prince qui doit partir de la fête avant minuit et qui laisse derrière lui une chaussure !

C’est une pièce qui sait parler de parents égocentriques, qui n’écoutent pas, qui peuvent être toxiques. C’est une pièce qui ne prend pas les enfants pour des idiots et leur parle en toute transparence.

Et puis c’est une pièce où le mariage et l’amour ne sont pas l’aboutissement de tout. Où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants n’a pas lieu d’être. Et ça, ça fait quand-même du bien !

C’est sans doute une pièce qu’il aurait fallu voir. Heureusement qu’il nous en reste la trace écrite !

« Les mots sont très utiles, mais ils peuvent aussi être très dangereux. Surtout si on les comprend de travers. »

La 4ème de couverture

Une toute jeune fille comprend difficilement les derniers mots de sa mère mourante, mais n’ose lui faire répéter. Pourtant voilà Cendrillon liée à cette phrase : « Tant que tu penseras à moi tout le temps, sans jamais m’oublier plus de cinq minutes, je ne mourrai pas tout à fait. » Joël Pommerat part du deuil et de ce malentendu pour éclairer le conte d’une nouvelle lumière. Avec une postface inédite.

Editions Actes Sud, Babel
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Cendrillon – Joël Pommerat
Editeur : Editions Actes Sud, collection Babel, 2013
Prix : 7€

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