Les évasions particulières, de Véronique Olmi

Mon avis

Deux semaines pour lire ce roman et pourtant je m’y suis très vite attachée.

J’ai tout de suite aimé l’ensemble des personnages. Au début, surtout le père et Sabine, puis progressivement me suis prise d’affection pour les autres membres de cette famille.

Je découvre le rythme et la plume de Véronique Olmi. Un texte drapé de douceur, comme une mélodie légère, une poésie qui m’embarque très vite dans ce récit et qui me fait beaucoup de bien au moment précis où je le lis.

Il serait difficile de vous résumer ce roman fleuve en quelques lignes.

Trois sœurs, une mère et un père, de confession chrétienne catholique, évoluent dans ces années charnières que sont la fin des années 60 jusqu’au bouleversement du 10 mai 1981 (élection de François Mitterrand).

L’enjeu majeur ici est l’émancipation.

L’émancipation en tant qu’enfant. Véronique Olmi analyse ici ces attentes irréalistes qui subsistent entre parents et enfants. L’incompréhension, l’incommunicabilité entre ces deux générations. La peur des premiers de voir leur progéniture prendre une voie inconnue et s’éloigner. Le besoin aussi pour les enfants d’imaginer leurs parents comme un cocon rassurant, immuable. Le refus, de toute part, de voir et d’accepter que chacun a sa propre vie, et ses propres failles.

Et l’émancipation en tant que femme. Le droit de travailler, le droit de ne pas se marier, le droit à l’avortement et à l’abandon d’un enfant. Et le droit de choisir ses croyances et ses causes.

Et finalement se construire soi-même.

Au-delà de toutes les questions émergentes de l’époque qui sont omniprésentes ici, au-delà des chemins de vies très différents empruntés par les femmes de ce roman (sous le regard inquiet du père et mari), il y a de l’amour.

Beaucoup d’amour dans ce livre. Un amour familial, vrai, pas inaliénable, pas indestructible. Mais fragile et nécessaire.

Vous l’aurez compris, je suis très touchée par cette saga familiale. Et je suis ravie d’avoir pris le temps de la lire.

« Mais ce sont nos vies, Bruno, elles vivent toutes seules, nos vies. Tu ne peux pas empêcher ça. »

La 4ème de couverture

Elles sont trois sœurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l’aînée, rêve d’une vie d’artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d’un monde éblouissant et cruel.

En 1970, dans cette société française qui change, où les femmes s’émancipent tandis que les hommes perdent leurs repères, les trois sœurs vont, chacune à sa façon, trouver comment vivre une vie à soi, une vie forte, loin de la morale, de l’éducation ou de la religion de l’enfance.

Cette saga familiale, qui nous entraîne de l’après Mai 68 à la grande nuit du 10 Mai 1981, est tout autant une déambulation tendre et tragique dans ce siècle que la chronique d’une époque où les consciences s’éveillent au bouleversement du monde et annoncent le chaos à venir.

Il fallait le talent de l’auteure de Bakhita pour en saisir le souffle épique et visionnaire, et la justesse intime.

Editions Albin Michel

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Les évasions particulières – Véronique Olmi
Editeur : Editions Albin Michel, 2020
Prix : 21,90€

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