Une chambre à soi, de Virginia Woolf

Mon avis

Oui, je l’admets, ce n’est qu’aujourd’hui que je découvre la plume et les convictions de Virginia Woolf.

Il y a beaucoup de sujets d’ampleur abordés par ce livre. Le fait que l’Histoire est écrite par les hommes. Le fait que les devoirs imposés aux femmes, pendant des siècles, ne sont pas propices à la notion de créativité. Le fait que le génie nécessite un terreau fertile pour se développer. Le fait que les choses évoluent mais trop peu vite. Le fait que les femmes doivent se battre plus pour se faire une place.

Et puis il y a la nécessité d’être libre de toute préoccupation matérielle pour pouvoir écrire. Et dans notre monde, c’est simple, il faut de l’argent. Un élément légèrement moins accessible aux femmes (aujourd’hui encore) vous en conviendrez. “Un génie comme celui de Shakespeare n’est pas né parmi des gens en train de se livrer à un travail pénible, au milieu d’êtres grossiers et d’esclaves.”
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Au final je suis plutôt convaincue par cette lecture même si je n’ai franchement pas compris l’intérêt de la proposer sous la forme fictionnelle – peut-être pour être en adéquation avec le thème d’origine “Les femmes et le roman”.

Un point sur lequel je tique plus cependant c’est la notion de parts de féminité et de masculinité dans l’âme dont parle longuement l’autrice.

“Ce qui résulte de tout cela, si la théorie des deux aspects de l’esprit est valable, c’est que la virilité est maintenant devenue conscience d’elle-même, c’est-à-dire que les hommes, maintenant, n’écrivent qu’avec le côté mâle de leur cerveau.”

Je ne suis déjà pas très à l’aise avec cette notion des sentiments ou des caractères à attribuer au féminin ou masculin. Je trouve ça très réducteur et un brin clivant. Je préfèrerais pour l’exemple qu’une femme puisse être brute, forte, ou naturellement très poilue (aussi) sans qu’on dise qu’elle assume sa “part masculine”. Et vice-versa, qu’un homme puisse être doux et sentimental sans qu’on parle de sa “part féminine”. Ce sont juste, à mon sens, des caractéristiques qui composent leurs êtres et elles n’ont rien à voir avec leurs sexes.

Ici, évidemment, la dichotomie du masculin/féminin est à imputer à la période à laquelle Virginia Woolf écrit. Mais aujourd’hui encore cette vision est trop enseignée, sans cesse on y fait référence. Et cela ne me convient pas.

“Un génie comme celui de Shakespeare n’est pas né parmi des gens en train de se livrer à un travail pénible, au milieu d’êtres grossiers et d’esclaves.”

La 4ème de couverture

Bravant les conventions avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.

Editions 10/18

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Une chambre à soi – Virginia Woolf
Editeur : Editions 10/18, 1996
Prix : 6,10€