Radium Girls, de Cy

Mon avis

“Lip. Dip. Paint.”

Le radium, une découverte scientifique et technologique d’une valeur incontestable, un produit de maquillage hilarant, fantastique, une occasion de trouver un travail rémunérateur.

Nous voici dans les années 20 aux Etats-Unis aux côtés des Ghost Girls, devenues les Radium Girls. Des jeunes femmes, employées dans une usine prestigieuse pour peindre au radium des chiffres phosphorescents sur les montres des soldats américains. “Lip, Dip, Paint” ; “Lip, Dip, Paint”. Ces gestes se répètent inlassablement jusqu’à obtenir 250 écrans par jour. Et parfois, ça déborde un peu sur l’ongle, de quoi se faire une petite manucure extravagante, c’est drôle !

Le “Dip” est là pour plus de rentabilité, il faut lécher la pointe du pinceau pour le rendre plus souple et le rendre utilisable plus longtemps. Mais voilà, le radium est un produit extrêmement dangereux comme nous le savons tous aujourd’hui et comme Ils le savaient hier. Si les chercheurs et les techniciens se protègent derrière des plaques de plomb, les ouvrières, elle, lèchent les pinceaux imbibés. C’est comme ça qu’on leur a appris, c’est comme ça qu’on a toujours fait. 

“Lip, Dip, Paint” ; “Lip, Dip, Paint”. Vous l’entendez le tic-tac assourdissant de ces montres, les décompte de leurs reste à vivre ? Peu à peu les jeunes femmes présentent des signes de fatigue, anémie, fractures à répétition. Aux premiers décès on parle de syphilis. “Lip, Dip, Paint” ; “Lip, Dip, Paint”. 

Arrêteront-elles avant qu’il ne soit trop tard ? 

C’est l’histoire racontée dans ce magnifique album, entièrement réalisé aux crayons de couleur. Les pleines pages sont superbes, très poétiques, très parlantes. J’ai été touchée par la tristesse de cette histoire (vraie), anéantie par l’inconscience de ces filles ; révoltée par ce monde, qui préfère sacrifier de jeunes femmes à l’avancée technologique

Je ne connaissais pas la vie de ces Radium girls, encore une raison de vomir ce monde soumis au joug du patriarcat et de son fric. 

“Lip, Dip, Paint”

La 4ème de couverture

Des destins de femmes sacrifiées sur l’autel du progrès.

New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire…

La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.

Editions Glénat

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Radium Girls – Cy
Editeur : Editions Glénat, 2020
Prix : 22€

À lire sur la thématique de la sororité