Vous qui habitez le temps, de Valère Novarina

Mon avis

Pour clore ce mois de défi théâtre, j’ai voulu me pencher sur une pièce dont le titre, tout comme l’auteur, me semblait prometteur. J’ai choisi cette pièce de Valère Novarina, mise en scène pour la première fois en 1989 pour le Festival d’Avignon.

Dès les premières lignes, la promesse est claire. Nous aurons à faire à un débit de mots enchaînés d’une façon tout aussi poétique (dans le sens très contemporain du terme) qu’incompréhensible.

C’est un exercice littéraire sans doute (quoiqu’en dise l’auteur). Mais très difficile à lire.

À force de dématérialiser la langue, on finit par ne plus rien comprendre. Est-ce du génie ? Est-ce une ineptie ? Je pencherais plutôt pour le deuxième point de vue et ça tombe bien Valère Novarina aussi. C’est bien lui qui clame avoir “toujours pratiqué la littérature non comme un exercice intelligent mais comme une cure d’idiotie”.

Pourtant il y a quelques très belles phrases, poétiques ET intelligibles.

“Appelons-nous les choses pour qu’elles viennent ? Appelons-nous les choses pour qu’elles soient ?”

ou encore

“Chaque fois que je croyais trouver le temps rien qu’un instant, je le perdais définitivement”

N’est-ce pas magnifique et totalement juste ?

Mais je suis peut-être un peu trop intransigeante avec un texte que j’aurais mieux accepté dans ses conditions scéniques. C’est encore une pièce qui devrait être vue. Il n’y pas que du texte dans cette dernière, ni même que du jeu que l’on pourrait plus aisément imaginer (si seulement il y avait quelques notes à ce sujet), mais c’est aussi une pièce qui joue sur le son et sur la danse.

Et ça, évidemment, il eût fallu que les théâtres soient ouverts pour le savoir !

“Chaque fois que je croyais trouver le temps rien qu’un instant, je le perdais définitivement”

La 4ème de couverture

Cette pièce a été mise en scène par l’auteur d’abord à Avignon, en 1989, puis à Paris et dans quelques villes de province. C’est une pièce sur la « lumière » et la « nuit » que transmet la parole mais aussi un catalogue d’humanité fort large où l’on trouvera par exemple la Femme aux chiffres, le Chercheur de Falbala, plusieurs sortes d’enfants pariétaux et un être sans mesure : Autrui !

Editions POL

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Vous qui habitez le temps – Valère Novarina
Editeur : Editions POL, 1989
Prix : 12,20€