Héritage, de Miguel Bonnefoy

Mon avis

C’est un livre que j’avais repéré ici il y a déjà quelques mois. L’histoire avait tout pour me plaire mais, une sortie en entraînant une autre, une nouveauté en remplaçant une autre, il était passé entre les mailles du panier.

Quand je l’ai vu à la bibliothèque, j’ai sauté dessus. À l’apparition de Thérèse c’est le coup de cœur. Puis la naissance de Margot, sa vocation pour l’aviation, son engagement… Il faut dire que les femmes de ce roman ont du cran !

Héritage est une suite de courtes histoires de vie d’une famille, décennie après décennie, génération après génération, en son cœur intime comme dans son ancrage à travers l’Histoire. Et la grande Histoire comme on dit – la première Guerre Mondiale, la deuxième, la révolution et le coup d’État de Pinochet – la famille Lonsonier l’a côtoyée de près.

Bien que traitées en peu de pages (200 en tout), on ressent aisément l’ambiance de chaque époque.

Miguel Bonnefoy nous conte des vies pleines de beauté, de dilemmes, de blessures, de force… Les choses ne sont pas édulcorées. Pendant les accouchements ça parle douleur, déchirement, poupons recouvert de sang ; les événements ne sont clairement pas magiques (sauf un peut-être).

Et puis il y a ces grands dilemmes auxquels font face Lazare, Margot, Ilario. Ces dilemmes profonds, destructeurs.

Et petit à petit, Miguel Bonnefoy pousse notre capacité de résistance jusqu’à son effondrement. Et pour moi il a été brutal. Profondément absorbée par ma lecture, j’ai perdu toute distance protectrice quand arrive la scène. Une scène terrible de torture, qui m’a retournée au point d’en avoir le coeur qui bat à tout rompre et la tête qui tourne. Tellement forte que la suite, perdant en intensité, en devient presque fade.

Parce qu’il y a de la violence ici. Âme sensible s’abstenir. De la violence psychologique. De la violence physique. Soudaine. Mais jamais gratuite.

Si la langue n’a pas été une révélation pour moi, l’histoire imaginée par Miguel Michel et sa façon de la raconter m’enchantent.

C’est d’ailleurs une chance d’avoir pu l’emprunter à la bibliothèque mais maintenant il me faut ce livre, pour toujours, auprès de moi.

« Les cortèges se formèrent sur les boulevards principaux et les navires commencèrent à se remplir de recrues, fils ou petits-fils de colons, qui partaient garnir les rangs, les visages confiants, les sacs remplis de costumes pliés et d’amulettes en écailles de carpe. »

La 4ème de couverture

La maison de la rue Santo Domingo à Santiago du Chili, cachée derrière ses trois citronniers, a accueilli plusieurs générations de la famille des Lonsonier. Arrivé des coteaux du Jura avec un pied de vigne dans une poche et quelques francs dans l’autre, le patriarche y a pris racine à la fin du XIXe siècle. Son fils Lazare, de retour de l’enfer des tranchées, l’habitera avec son épouse Thérèse, et construira dans leur jardin la plus belle des volières andines. C’est là que naîtront les rêves d’envol de leur fille Margot, pionnière de l’aviation, et qu’elle s’unira à un étrange soldat surgi du passé pour donner naissance à Ilario Da, le révolutionnaire.
Bien des années plus tard, un drame sanglant frappera les Lonsonier. Emportés dans l’oeil du cyclone, ils voleront ensemble vers leur destin avec, pour seul héritage, la légende mystérieuse d’un oncle disparu.

Dans cette fresque éblouissante qui se déploie des deux côtés de l’Atlantique, Miguel Bonnefoy brosse le portrait d’une lignée de déracinés, dont les terribles dilemmes, habités par les blessures de la grande Histoire, révèlent la profonde humanité.
Miguel Bonnefoy est l’auteur de deux romans très remarqués, Le Voyage d’Octavio (Rivages poche, 2016) et Sucre noir (Rivages poche, 2019). Ils ont tous deux reçu de nombreux prix et été traduits dans plusieurs langues.

Editions Rivages

1
1

Héritage – Miguel Bonnefoy
Editeur : Editions Rivages, 2020
Prix : 19,50€

À lire sur la thématique Histoire de famille