Elle a menti pour les ailes, de Francesca Serra

Mon avis

Cette histoire, par son environnement, ses personnages, est très différente de ce que je lis habituellement.

Et pourtant je m’attache très vite aux protagonistes. Je me retrouve très vite sur les bancs du collège puis du lycée. J’ai tout de suite l’impression de comprendre, de connaître, d’avoir été ces adolescents.

À travers l’histoire tragique de Garance, l’autrice nous propose un roman sur l’adolescence, une fresque générationnelle – la génération de ceux qui sont nés avec un portable dans les mains. Cela dit, n’importe quel adolescent des années 2000 pourra s’y retrouver, tout ou partie, même si la violence s’est exacerbée avec les années et les technologies.

C’est avec plaisir que je me plonge dans ce roman, que je le retrouve tous les soirs. Certains passages sont extrêmement crus, d’autres très tendres. Tout me semble juste.

Pour vous résumer l’histoire : Garance est amoureuse d’un garçon. Pour l’approcher, elle doit plaire à ses amis et elle est prête à tout. La jeune fille n’est pas particulièrement brillante, pas particulièrement raisonnable ni irraisonnable, mais elle est extraordinairement belle. Elle a du succès dans la vie et sur les réseaux sociaux. Alors ça marche. Garance est jeune. Elle est superficielle. Elle enchaîne les mauvais choix. Puis arrive un jour où tout se retourne contre elle. Elle est lâchée, bashée par ses amis. Et Garance disparaît.

Mille choses pourraient être à l’origine de ce qui a mal tourné.

Le livre est certes un peu épais mais, des 532 pages, peu me semblent superflues. Francesca Serra a su retrouver la pression sociale inhérente au milieu scolaire. Elle a su manier avec excellence la langue française, la langue adolescente. Elle a su me replonger dans “l’innocence”, dans la séduction, dans l’inquiétude, faire naître le sentiment d’oppression qui ont fait mon adolescence. Sa plume est audacieuse, précise, intelligente.

Une très belle découverte !

« D’une toute petite fille, on dit qu’elle est belle ou l’on ne dit rien ; pas d’autres qualificatifs pour décrire une enfant : la débrouillardise, la vivacité, l’autonomie, la ténacité, la tournure d’esprit ne se remarquent même pas. Quant à celles qui n’ont plus l’âge d’être belles, il faut encore qu’elles se fassent juges, sans pitié ni répit, de la beauté des autres. »

La 4ème de couverture

Un grande fresque sociale sur la génération des milléniaux.

Année scolaire 2015-2016, une station balnéaire dans le sud-est de la France. Un concours de mannequins annonce une étape de sa tournée régionale dans cette ville qui ne s’anime d’ordinaire qu’à l’arrivée des touristes en été.

Garance Sollogoub, la fille d’une professeure de danse, est d’ores et déjà donnée favorite. Elle attire l’attention d’une bande d’adolescents plus âgés, les plus populaires, ceux avec lesquels elle a toujours rêvé de traîner. Pour se faire accepter d’eux, elle va devoir consentir à quelques sacrifices. En échange, ils vont lui offrir trois choses : l’ennui, le sentiment d’appartenance et la férocité de la meute.

Quelques mois plus tard, Garance disparaît.

Elle a menti pour les ailes est un premier roman né de deux interrogations générationnelles : quelle influence le monde numérique a-t-il sur l’évolution du langage, et comment la société de l’hyperconnexion entretient-elle une mélancolie du présent ? Ces personnages nous touchent d’autant plus que, malgré leur jeunesse et leur contemporanéité, ils ont la douloureuse prémonition de leur obsolescence. Dans ces pages, ils deviennent des figures tragiques quand ils se tournent vers leurs pulsions, seuls indices du réel et preuves tangibles du temps qui passe.

Francesca Serra offre à cette génération des milléniaux, si souvent caricaturée avec la brutalité d’un tweet, une fresque héroïque, charnelle et profondément humaniste.

Editions Anne Carrère

1
1

Elle a menti pour les ailes – Francesca Serra
Editeur : Editions Anne Carrère, 2020
Prix : 4,99€ (numérique) / 21€ (papier)

À lire sur la thématique de la violence sociétale