VIANDE À VIOL, DE MARINE PEYRARD

Mon avis

Je tenais à vous parler de ce livre, j’ai eu peur d’en être incapable.

Parce que c’est mon amie la victime, c’est un membre de ma famille aussi, c’est beaucoup trop de femmes autour de moi et beaucoup trop dans le monde.

La nuit du 8 septembre, une femme se fait violer par son amoureux.

Alors Marine Peyrard écrit : la dissociation du corps et de l’esprit, la perte des mots, la colère, la solitude. Durant un an, entre la date de son agression et le jour de sa révélation, M écrit ce recueil.

Un recueil réellement bouleversant, proche du journal intime, qui regroupe pensées, lettres, discussions. Comment elle a plongé dans l’horreur et l’insécurité (c’est un homme qu’elle aime qui lui a fait du mal !) ; comment elle a fui, combattu ; comment elle a survécu ; comment elle s’est retrouvée.

D’un bout à l’autre de ces confidences, de ce témoignage, j’ai senti un paquet de larmes bien ancrées au fond de ma gorge. Comme une envie de vomir une tristesse intense. Pleurer devant la violence, mon incapacité à faire quoi que ce soit.

Quant à la portée poétique de cette œuvre, elle est pour moi incontestable. Par ces mots, par ce rythme, j’ai ressenti. Cette lecture m’a portée un temps dans ton corps, pour subir avec toi, porter avec toi, revivre avec toi. Et avec toutes les autres.

Plus efficace que mes petits mots, je vous propose d’en lire quelques extraits :

“Je sais juste que ça a eu lieu,
que tu commandais,
que c’était anodin, anecdotique, sans importance”

“(…) c’était ton visage
que j’aimais tant
penché sur moi.”

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Avis sur Viande à Viol de Marine Peyrard
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Viande à viol – Marine Peyrard
Editeur : Editions Frison-Roche Belles-lettres, 2021
Prix : 17€

La 4ème de couverture

Un recueil bouleversant sur l’expérience traumatique du viol et son après. Résumé Une année, du 9 septembre au 9 septembre, à tenter de comprendre et de qualifier ce qu’elle a subi. De passer de coupable à victime, du statut de « celle qui ne dit mot consent » à celui de poupée de chiffon, tétanisée par la stupeur. Une année pour comprendre que l’on croit connaître l’autre, une année pour sortir de sa caverne intérieure. Marine Peyrard enchaîne les formes libres pour parler avec une grande justesse de la guerre que se livrent ses sentiments contradictoires en son corps usé, qui s’érige comme un rempart. Échange épistolaire contemporain, monologue intérieur, libération de la parole des autres comme miroir de sa propre souffrance… Le récit de cette belle au bois dormant nous touche en ce qu’il lève le voile sur les acceptations quotidiennes, sur les petites résignations qui, piqûre après piqûre, vrillent un peu plus chaque jour la chair et l’âme.

À lire sur la thématique de la violence sociétale