LES JUSTES, DE CAMUS
Mon avis
Moscou, 1905. Un groupe de compagnons socialistes révolutionnaires s’apprête à lancer un attentat à la bombe contre l’oncle du Tsar – représentant de cette insouciante famille impériale qui oppresse et affame le peuple russe.
Seulement, au moment de jeter la bombe, le terroriste se fige. Il y a des enfants dans la voiture. Les enfants, l’innocence doit-elle périr au nom du peuple qui a faim ?? En tuant une famille, ou même un homme, peut-on tuer une idée ?
C’est une pièce de théâtre que je voulais lire depuis longtemps.
Une pièce de Camus appartenant au cycle de la révolte (avec La Peste notamment). C’est aussi une réponse à la pièce de Sartre : Les Mains sales.
Les deux pièces interrogent les limites de la révolte.
Quand Sartre dit qu’il faut savoir se salir les mains pour défendre ses idéaux politiques, Camus nous invite à nous poser une question inverse : la fin justifie-t-elle les moyens ? Quand on prend les armes au nom de la justice, quand on tue au nom de la justice, à partir de quel moment n’est-on plus justes nous-mêmes ?
Camus, au contraire de Sartre, n’essaie pas de nous convaincre de son idée. Il défend de façon équitable, à travers une analyse profondément humaine, les deux points de vue.
Aussi dérangeant que cela me paraisse, j’ai compris la souffrance et la peur qui pousse à l’extrémisme.
Un texte et une réflexion intemporels que je ne peux que conseiller à tous. Une pièce que j’aurais plaisir à relire et à voir, un jour je l’espère, jouée au théâtre.
« Y a-t-il des limites à la révolution, à l’action destructrice ? »
Les Justes – Albert Camus
Editeur : Editions Folio, 1973
Prix : 5,80 €
La 4ème de couverture
«En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l’ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d’ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J’ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai…
La haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu’elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre – et pour dire ainsi où est notre fidélité.»
Albert Camus.