Cris, de Laurent Gaudé

Mon avis

Premier roman de Laurent Gaudé et le premier que je lis de lui (certainement pas le dernier). A l’origine, Cris arrive dans ma bibliothèque, acheté par monsieur mais de suite il attire mon regard.

J’ai très peu lu de roman sur la Première Guerre mondiale, et je ne m’attendais certes pas à ça ! Laurent Gaudé fait le choix de nous proposer un roman choral composé judicieusement des monologues intérieurs de nombreux soldats. On est loin du témoignage historique, Laurent Gaudé se focalise sur l’humain, ses peurs, ses motivations, ses dernières pensées. Et c’est bien surprenant que l’on puisse se sentir si intimement proche de ces êtres quand l’auteur ne nous dit rien d’eux excepté de nous dévoiler quelques fractions de leurs pensées les plus intimes.

Ce roman est extrêmement bien monté, chaque passage semble appeler le suivant avec une grande intelligence. Je suis totalement tombée sous le charme de l’écriture de l’auteur. Ma lecture se divise entre horreur et empathie. Une lecture qui s’avère vraiment dure et pour laquelle je me donne le temps d’avancer page à page et de ressentir tous les tourments d’un cœur et d’un esprit humain perdu (à jamais) dans le ventre des tranchées.

Quelle force que ce roman ! Laurent Gaudé ne nous laisse souffler que pour retourner plus profondément au front. Ce front dont ne peut même pas s’extraire véritablement son soldat permissionnaire, Jules, dont l’esprit, toujours, sera déconnecté de ce monde. À moins que ce soit le monde qui soit complètement déconnecté.

Et cette phrase terrible : “Nous sommes peut-être encore des hommes”.

“Nous sommes peut-être encore des hommes”

La 4ème de couverture

Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : « l’homme-cochon ». A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.

Editions Actes Sud

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Avis lecture & critique du livre Cris Laurent Gaudé
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Cris – Laurent Gaudé
Editeur : Editions Actes Sud, collection Babel, 2004
Prix : 6,60€

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