Nouons-nous, d’Emmanuelle Pagano
Mon avis
J’ai rencontré Emmanuelle Pagano dans le cadre de mon travail. Elle a été invitée à plusieurs reprises par un festival pour lequel j’ai travaillé. J’ai même été chargée de la production d’un de ses spectacles. Mais bousculée par un rythme d’activité, un poids des responsabilités toujours plus importants, je ne l’avais jamais lue.
Emmanuelle Pagano définit Nouons-nous comme un recueil de fragments autour de l’amour, une exploration du couple sous toutes ses formes, à toutes ses étapes de vie (du début à la fin). Ce sont des fragments qui vont d’une phrase, posée, là, à deux pages tout au plus. L’idée n’est pas de nous conter une histoire mais plutôt je dirais de nous offrir un moment, ou plutôt des centaines de moments. Les fragments sont très énigmatiques, toujours ouverts à interprétation, et à identification. Toujours écrits à la première personne, ils semblent être des pensées intimes.
Il me semble difficile de parler de ce recueil, qui pour moi tient énormément de la poésie, tant sa lecture est personnelle et multiple. Il y est question de l’amour qui rend heureux, mais aussi de l’amour qui manipule, qui enferme, qui désespère, qui s’évanouit et qui renaît.
Le plus parlant est sans doute de vous en proposer quelques fragments ici :
“Il était adossé au mur, son ombre se cassait au bord du trottoir, j’ai marché dedans.”
“Il y a longtemps sans elle maintenant. Je commence à m’habituer à la solitude, à la petite tristesse de sept heures du soir.”
“Comment dire à ceux qui nous aiment tellement qu’ils ne nous aiment pas. Comment lui dire que son amour étouffant, je n’en veux pas, que ce n’est pas de l’amour.”
“Exactement comme si ses nerfs étaient les miens.”
“Comment dire à ceux qui nous aiment tellement qu’ils ne nous aiment pas. Comment lui dire que son amour étouffant, je n’en veux pas, que ce n’est pas de l’amour.”
La 4ème de couverture
L’amour plus des copeaux de bois, du produit pour les vitres, une clochette, du shampoing, des oiseaux, des écharpes, des appareils photos, des ponts, des cordes, un vélo, des instruments de musique, une canne à pêche, des brosses à cheveux, des fusils de chasse, des livres, des gélules, du carton, des lampes, des agates, des élastiques, une malle, des fruits, des lentilles de contact, des échantillons, des bateaux, des pansements, de la peinture, des arbres, des agendas, un mouchoir en tissu, du liquide vaisselle, des box, du scotch, des ballons, du savon, des soldes, une mouillette, des connexions internet, des marées, des archives, des paquets cadeaux, une pince à épiler, du mica, des mains courantes, des trams, un faon, des maquettes, un vaporisateur d’eau, des cours de médecine, des montres, des coussins brodés, des plumes, des clés, un chat, du sel, des écorces, des poupées, une émeraude, des avions, un foulard, des fleurs, des manèges, des téléphones, des crayons de couleurs, des boîtes aux lettres, une fève, des tatouages, des télés, des cartes, des miroirs, un kit de couture, des mathématiques, des chaussures, des poissons, des valises, des jeux de société, un éboulis de pierre, des bouchons auriculaires, des carnets, des bocaux en verre, des calendriers, des pantins, une table de mixage, des grains de sable, du yoga, des poids en laiton, des éclairages automatiques, un aspirateur, des trains, des fagots, des éoliennes, des insectes, et une pelote de fil.
Editions POL
Nouons-nous – Emmanuelle Pagano
Editeur : Editions P.O.L, 2013
Prix : 16€