Hiroshima mon amour, de Marguerite Duras

Mon avis

Le livre Hiroshima mon amour est en fait la publication du scĂ©nario Ă©crit par Marguerite Duras pour le film Hiroshima mon amour. C’est la premiĂšre fois que je lis un scĂ©nario et c’est la premiĂšre fois que je lis un Marguerite Duras en totalitĂ©, autant vous dire tout de suite que c’est un Ă©vĂ©nement pour moi !

Alors, une histoire d’amour entre deux inconnus (ils ne connaĂźtront jamais le prĂ©nom de l’autre), c’est toujours poĂ©tique on est d’accord. D’ailleurs j’ai trouvĂ© que la scĂ©nariste nous proposait une histoire empreinte d’une grande douceur dans une ambiance lumineuse.

Et pourtant, la rencontre de ces deux protagonistes, loin de chez eux, dans une ville au passĂ© si lourd et pourtant dĂ©jĂ  exploitĂ©e pour le commerce de mĂ©moire, est l’occasion d’une formidable confidence. Hiroshima est un prĂ©texte, elle nous offre une distance (sans doute nĂ©cessaire Ă  seulement 15 ans des faits) afin d’aborder ces points de notre histoire oĂč des hommes qui se voyaient du bon cĂŽtĂ© de la guerre, ont eu l’occasion de perdre leur humanitĂ©.

Une jeune femme française rencontre un homme japonais alors qu’elle tourne dans un film sur l’histoire d’Hiroshima. Cet homme et cette femme savent que leur amour est impossible et sera condamnĂ© par son dĂ©part dans moins de 24h. Il n’y a pas besoin de jouer le jeu des apparences. Alors elle raconte. Elle se met Ă  nu.

Elle raconte son premier amour, un jeune allemand, elle est française, il est soldat, on est en pleine seconde Guerre Mondiale. Ils s’aiment et veulent se marier. Elle raconte le jour oĂč les alliĂ©s ont gagnĂ©, le jour oĂč son amour a Ă©tĂ© tuĂ©, le jour oĂč elle a Ă©tĂ© tondue. Cet acte, humiliant et bĂȘte. Le jour oĂč elle a perdu l’esprit, emportĂ©e par le dĂ©sespoir de vivre encore.

Et puis ces phrases, d’une violence presque intolĂ©rable et pourtant pleines d’amour : “j’aurais prĂ©fĂ©rĂ© que tu sois morte Ă  Nevers.”

Il paraüt que c’est ça Duras !

« J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© que tu sois morte Ă  Nevers. »

La 4Ăšme de couverture

Lui : Tu n’as rien vu Ă  Hiroshima. Rien.
Elle : J’ai tout vu. Tout… Ainsi l’hĂŽpital je l’ai vu. J’en suis sĂ»re. L’hĂŽpital existe Ă  Hiroshima. Comment aurais-je pu Ă©viter de le voir ?
Lui : Tu n’as pas vu d’hĂŽpital Ă  Hiroshima. Tu n’as rien vu Ă  Hiroshima…
Elle : Je n’ai rien inventĂ©.
Lui : Tu as tout inventé.
Elle : Rien. De mĂȘme que dans l’amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier, de mĂȘme j’ai eu l’illusion devant Hiroshima que jamais je n’oublierai. De mĂȘme que dans l’amour.

Editions Folio

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Hiroshima mon amour – Marguerite Duras
Editeur : Editions Folio, 1960
Prix : 6,90€