CERTAINES NâAVAIENT JAMAIS VU LA MER, DE JULIE OTSUKA
Mon avis
Mais COMMENT ai-je pu attendre si longtemps pour lire ce livre acheté cet été lors du désherbage de ma bibliothÚque ?
Comment ma bibliothĂšque a-t-elle pu le dĂ©classer ?? đł
Certaines nâavaient jamais vu la mer est un texte riche, dense, sensible. Histoire de lâimmagration japonaise vers les Etats-Unis au dĂ©but du XXe siĂšcle.
Des jeunes filles, des mariages arrangĂ©s, une nouvelle vie quâelles espĂ©raient meilleures – et finalement non. Mensonges, exploitation, racisme, violences. Et puis, la Seconde Guerre mondiale.
Nâoublions pas que, partout, la Guerre dĂ©clenche des atrocitĂ©s. Que des milliers de japonais et de japonaises Ă©migrĂ©s et insĂ©rĂ©s dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine depuis des dĂ©cennies, des ĂȘtres humains, des personnes comme vous et moi, sont devenues du jour au lendemain ennemi public numĂ©ro 1.
Exceptionnel, dans tous les sens du terme. Câest un roman chorale portĂ© dâune seule voix.
âNousâ.
Un ânousâ comme un destin commun. Un ânousâ comme des vies, des souffrances, des espoirs multiples.
Câest la premiĂšre fois que je lis une narration Ă la premiĂšre personne du pluriel. Je ne lâaurais pas mĂȘme imaginĂ©e possible. Et pourtant, tout le gĂ©nie et la plume de Julie Otsuka, et sa traductrice Carine Chichereau, en font une Ă©vidence.
âNous nâĂ©tions pas prĂ©parĂ©es Ă cela. Ă nous retrouver soudain Ă la place de lâennemi.â
Certaines n’avaient jamais vu la mer – Julie Otsuka (trad. Carine Chichereau)
Editeur : Editions Phébus, 2012
Prix : 15,00âŹ
La 4Ăšme de couverture
LâĂ©criture de Julie Otsuka est puissante, poĂ©tique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnĂ©es. La musique sublime, entĂȘtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que lâauteur dĂ©crit sont ceux de ces Japonaises qui ont quittĂ© leur pays au dĂ©but du XXe siĂšcle pour Ă©pouser aux Ătats-Unis un homme quâelles nâont pas choisi.Câest aprĂšs une Ă©prouvante traversĂ©e de lâocĂ©an Pacifique quâelles rencontrent pour la premiĂšre fois celui pour lequel elles ont tout abandonnĂ©. Celui dont elles ont tant rĂȘvĂ©. Celui qui va tant les dĂ©cevoir. Ă la façon dâun chĆur antique, leurs voix se lĂšvent et racontent leur misĂ©rable vie dâexilĂ©es⊠leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journĂ©es de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, lâhumiliation venue des Blancs, le rejet par leur progĂ©niture de leur patrimoine et de leur histoire⊠Une vĂ©ritable clameur jusquâau silence de la guerre. Et lâoubli.