Kililana song, de Benjamin Flao

Mon avis

Dans l’archipel de Lamu, au large du Kenya, Naïm fait l’école – coranique – buissonnière. Suivant les pas du jeune garçon, Benjamin Flao nous fait voyager à travers l’archipel, à la rencontre d’une grande pluralité de visages

Il y a le vieux Nacuda aux sages paroles ; les touristes naïfs qui se font arnaquer à tout bout de champ ; les jeunes femmes qui tentent de gagner leurs vies en se prostituant pour les expatriés blancs aux projets immobiliers peu scrupuleux ; un chamane, gardien des esprits ancestraux ; et mon préféré, le capitaine Günter, trafiquant de drogues fort alcoolique au langage aussi coloré qu’un Capitaine Haddock dans la meilleure forme !

Le récit est lourd. Il s’agit bien de montrer l’exploitation par les occidentaux des pays africains, des trafics de drogue, de corps, de terre, que les populations locales acceptent pour survivre. Ce mélange de modernité et de tradition d’un continent qui entre dans une triste transition. Bientôt écrasé par le poids de la magouille blanche et de la corruption. Une nouvelle colonisation.

C’est le cœur de cette histoire, comment survivre à la “modernité”.

C’est aussi une histoire très poétique, un brin magique, où subsistent les esprits des défunts et les djinns.

Première bande dessinée pour laquelle Benjamin Flao décide de travailler seul et de se mettre au scénario et comme au dessin. Et on ne peut que se faire happer par ce travail minutieux et lumineux à la couleur directe, technique incroyable qui apporte une couche supplémentaire de magie à l’histoire !

« Soyons sérieux Marco, ils ne pèsent rien en face des enjeux pétroliers, il faut être réaliste ! »

La 4ème de couverture

Naïm connaît mieux les ruelles de Lamu que les versets du Coran. Le jeune orphelin n’a que faire des conseils de son grand frère. À onze ans, il n’a plus envie d’être traité comme un enfant.
Ses nombreuses escapades l’amènent à coudoyer des personnages pittoresques plus ou moins honnêtes. Touristes naïfs, trafiquants, prostituées, promoteurs immobiliers et djihadistes…
Et puis un jour, il croise le chemin du vieil Ali, le gardien de l’arbre sacré, là où repose le corps géant de Liongo Fumo, le dernier héros de son peuple…
Avec Kililana Song, Benjamin Flao ravive la flamme de la bande dessinée d’aventure grand public. À l’instar de Tom Sawyer, son héros Naïm est un enfant courageux et libre.

Editions Futuropolis

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Kililana song – Benjamin Flao (tome 1)
Editeur : Editions Futuropolis, 2012
Prix : 21 € (intégrale sortie en 2016 à 28€)

À lire sur la thématique de la violence sociétale