77, DE MARIN FOUQUE
Mon avis
Un texte complètement addictif.
Rythmé, saccadé, violent.
Il y a peu de respirations visuelles dans ce roman, pas de chapitres, ni d’espaces, ni de dialogue. Peu de respirations tout court.
C’est un long fil de pensée, une salve de paroles, un set de rap ou de slam.
Une journée avec un jeune du 7-7. Pas tous les jeunes, ce jeune. Un jeune en attente (mais de quoi ?), qui observe son monde, son 7-7, sans jamais vraiment y entrer, sans jamais vraiment lui appartenir. (Appartient-on à un territoire ?) Un jeune un peu innocent, naïf, désœuvré, abandonné et sans avenir.
C’est à la fois brut et tellement travaillé. C’est fort, c’est impactant, ça matraque la tête.
Au début de ma lecture j’avais décidé d’y aller lentement. Lire quelques pages par jour et me donner le temps de digérer l’écriture de Marin Fouqué.
Avec le recul, je pense que c’est une erreur. Mieux vaut entrer pleinement dans ce roman, y abandonner son recul, sa logique et se laisser entraîner dans le tourbillon de pensées du jeune narrateur. C’est de cette façon que j’ai terminé ma lecture et ce fut une expérience hors de mon commun.
Et vous savez quoi ? Ce texte est encore meilleur sur scène, lu, interprété par la bouche de l’auteur. Je ne sais pas s’il tourne toujours mais je sais que Marin Fouqué interprète aussi son dernier roman G.A.V.
Si vous avez l’occasion d’aller l’écouter, foncez !
77 – Marin Fouqué
Editeur : Editions Actes-Sud, coll. Babel, 2021
Prix : 7,70 €
La 4ème de couverture
Chaque matin depuis la rentrée, ensommeillés, mutiques, mal lunés, ils se retrouvent au point de ramassage – le grand Kevin, la fille Novembre, le Traître, les faux jumeaux, et puis lui. Aujourd’hui, il ne montera pas dans le car scolaire, il va rester seul au bord de la route, sous l’abribus, sous sa capuche, toute la journée. À regarder passer les voitures. À laisser son regard se perdre sur les terres du “sept-sept”, ce département vague entre Paris et la province, entre boue et bitume, où les villes sont de simples bourgs et les champs de mornes étendues de camaïeu brun. À se noyer dans les souvenirs d’avant l’été, quand le Traître s’appelait encore Enzo et qu’avec la fille Novembre ils formaient un trio inséparable.
Ce premier roman à l’énergie brute charrie la violence et l’innocence, l’âge des possibles et de l’insupportable, la construction des corps et la fracture des rêves dans un flux de conscience époustouflant de spontanéité, d’invention, de vérité.